
Fallait-il s'attendre à des résultats transparents à l'occasion des élections législatives du 10 juillet 2022 au Congo-Brazzaville ?
Les fanatiques et éternels accompagnateurs de l’autocrate Sassou Nguesso attendaient ce mois de juillet 2022 avec impatience. C’est le mois où, en effet, étaient programmées les élections législatives censées remplacer les futurs godillots de l’Assemblée nationale du Congo-Brazzaville et les instances municipales à la solde du dictateur. Si l’enjeu était de taille pour ces derniers, il n’en était rien pour les Congolais lambda, habitués aux farces électorales : étant à la fois juge et avocat, Sassou n’a jamais tenu compte de leurs votes. Tout se règle par les intimidations, la violence et la corruption. Les Congolais ne sont jamais les maîtres de leurs bulletins de vote.
Toutes sortes d’irrégularités survenant dans d’autres pays, se produisent au Congo, à savoir le bourrage des urnes, la distribution des cartes électorales à des d’électeurs fictifs, organisations des concerts géants avec la présence d’un auditoire corrompu d’avance pour donner l’impression que les candidats du système Sassou jouissent d’une popularité, le tripatouillage des textes en vigueur, des découpages fallacieux des différentes circonscriptions, la manipulation des bulletins de vote, etc.
Mais ce qui différencie ces irrégularités de celui du système Sassou, c’est que toutes ces actions frauduleuses se font à ciel ouvert, et les instances électorales sont acquises à sa cause. Autrement dit, il s’agit d’un gangstérisme politique : « le ciel n’est jamais tombé », dira-t-on dans la famille politique de Sassou. Ces consultations nationales riment avec tout sauf avec des principes démocratiques. Elles sont d’aucune utilité, ces consultations.
Ainsi, les Congolais assistent impuissants à une nième mascarade. Manifestement, la voracité de Sassou et de son clan sur les richesses congolaises est sans limite : cette fois-ci, Sassou a exigé aux candidats à « la députation » de s’acquitter d’une caution de 1500 euros à Sassou, soit près d’un million de francs CFA afin de pouvoir figurer sur la liste d’éligibilité.
Après quatre décennies de règne, Sassou est rattrapé par son passé. Son bilan à la tête du Congo est un échec. Son pouvoir est vieillissant, le Congo est en ruine. Si dans d’autres cieux, certains milliardaires qui se sont enrichis frauduleusement, ont pu créer des entreprises permettant d’améliorer l’employabilité de leurs concitoyens ou de créer des entreprises, au Congo, c’est une vacuité affligeante. Aucune entreprise. Alors les caciques du pouvoir (la famille présidentielle, les ministres ou ex-ministres, les généraux, etc.) lancent leur postérité à la prédation. Ce sont les enfants, petits-enfants, les neveux, nièces, oncles, …qui s’engouffrent dans la politique puisqu’ils sont incapables dans l’entreprenariat. Des milliardaires sans entreprise. Tout ce qu’ils savent faire, c’est de se servir des richesses congolaises à des fins personnelles. Sassou et son système n’ont rien prévu même pour leurs fanatiques tribaux. Avec les statuts de députés, la descendance de Sassou et de ses accompagnateurs, espère pérenniser l’emprise sur les richesses congolaises. La majorité des Congolais demeurent dans la précarité « le ciel ne tombera pas ».
Pour gagner de l’argent au Congo, il faut faire la politique, ou il faut savoir applaudir haut et fort Sassou. C’est le génie de ces éternels accompagnateurs ou faux opposants que l’on peut trouver dans chaque ethnie au Congo. Leurs enfants vivent d’ailleurs à l’étranger dans l’opulence aux frais du contribuable congolais alors que la majorité des Congolais vit avec moins d’un dollar vingt-cinq par jour. Étrangement, en dépit de cet avilissement, bon nombre de Congolais affichent un comportement du moins paradoxal...
Un autre fait étrange, c’est l’attribution des circonscriptions aux candidats aux législatives : les critères d’éligibilité sont définis par Sassou. Les candidats sont majoritairement éligibles dans les circonscriptions de leurs ethnies et non dans les circonscriptions de leurs lieux de résidence. Ils reçoivent d’abord les faveurs de l’autocrate Sassou et s’engagent à le servir. Même les Congolais de l’étranger qui prétendent s’opposer à Sassou, s’activent dans les réseaux sociaux, derrière ces candidats de « l’opposition politique » en sachant que ces gens qu’ils soutiennent, pour être éligibles, bénéficient des faveurs de Sassou. L’on Peut s’interroger sur la sincérité de tels individus pour combattre la dictature de Sassou lorsque l’on sait que ce système Sassou a annihilé leur espoir et celui de leur descendance. C’est simplement pitoyable !
Un autre échec de Sassou : il n’a pas su mettre en place dans son parti politique, le Parti Congolais du Travail, des pratiques d’émulation politique. Seuls font légion les vices ( la truandisme, l’outrance, la malversation financière, l’enrichissement illicite, le trafic d’influence, la criminalité organisée, etc.). Au regard de cette parodie d’élections, les partisans du Général JMM Mokoko comme la plupart des Congolais d’ailleurs, ne s’y retrouvent pas. Pour eux, ces pratiques sont contraires aux valeurs républicaines prônées par le Général Mokoko. Les Congolais n’attendent rien des nominés illégaux et illégitimes. En conséquence, la tragédie congolaise est loin de son promontoire. (Avec Sassou, ce sont des coups d’états permanents, des mensonges permanents).
Jean Raphaël OAYBI, Chargé de communication de l’association ACB-J3M-France