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Rentrée littéraire 2018 : Alain Mabanckou signe "Les Cigognes sont immortelles"

Publié le Mercredi 1 Août 2018
Rentrée littéraire 2018 :  Alain Mabanckou signe "Les Cigognes sont immortelles"

"Lorsque Monsieur Mindondo reçoit les gens qui portent une cravate et qui sont ses collègues du Parti Congolais du Travail, ces invités garent leur voiture partout, jusque devant notre parcelle. Monsieur Mindondo s’est déjà chamaillé avec Papa Roger qui lui avait dit de ne plus laisser ces individus cravatés se garer devant chez nous parce qu’on risquerait de penser que ça nous appartient, que nous sommes tout à coup devenus des capitalistes noirs. Le père Mindondo n’avait pas entendu la fin de la phrase de mon père sur les capitalistes noirs, il croyait en fait que Papa Roger critiquait sa voiture parce qu’elle n’était pas française ou japonaise, que c’était une Volvo 343, et donc qu’il ne l’avait pas achetée à la CFAO, rue Côte-Matève, où mon oncle Tonton René est un grand chef qui commande plein de gens. Monsieur Mindondo a traité Papa Roger de pauvre petit réceptionniste d’hôtel qui ne pourra jamais s’offrir une Volvo 343. Maman Pauline est entrée dans cette histoire, elle a crié sur Madame Léopoldine Mindondo qui l’avait traitée de femme inculte, de vendeuse de régimes de bananes."

À Pointe-Noire, dans le quartier Voungou, la vie suit son cours. Autour de la parcelle familiale où il habite avec Maman Pauline et Papa Roger, le jeune collégien Michel a une réputation de rêveur. Mais les tracas du quotidien (argent égaré, retards et distractions, humeur variable des parents, mesquineries des voisins) vont bientôt être emportés par le vent de l’Histoire. En ce mois de mars 1977 qui devrait marquer l’arrivée de la petite saison des pluies, le camarade président Marien Ngouabi est brutalement assassiné à Brazzaville. Et cela ne sera pas sans conséquences pour le jeune Michel, qui fera alors, entre autres, l’apprentissage du mensonge.

Partant d’un univers familial, Alain Mabanckou élargit vite le cercle et nous fait entrer dans la grande fresque du colonialisme, de la décolonisation et des impasses du continent africain, dont le Congo est ici la métaphore puissante et douloureuse. Mêlant l’intimisme et la tragédie politique, il explore les nuances de l’âme humaine à travers le regard naïf d’un adolescent qui, d’un coup, apprend la vie et son prix.

Alain Mabanckou est né en 1966 à Pointe-Noire, au Congo-Brazzaville. Ses œuvres sont traduites dans le monde entier. Il enseigne la littérature francophone à l’Université de Californie-Los Angeles (UCLA).

Source : Le Seuil
 

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