Invité par les francs-maçons du Grand Orient de France à venir plancher sur la manière de refonder ou de refondre la République, l’eurodéputé et candidat Front de Gauche à l’élection présidentielle de 2017 Jean-Luc Mélenchon n’a pas failli à sa réputation de « tribun » ou d’orateur hors pair. Costume bleue marine, chemise bleue ciel et cravate rouge, c’est dans une salle comble qu’il a étalé les fondements de la Nouvelle République française qu’il appelle de ses vœux.
Dans un exposé émaillé de références littéraires, philosophiques et historiques, le conférencier a insisté sur les rapports France/Union européenne, avant d’évoquer la Francophonie, un espace qui, selon lui, devrait davantage être politique. Et de poursuivre sur les liens qui unissent la France à l’Afrique. C’est à ce moment-là qu’un franc-maçon lui a posé une question sur les difficultés qu’ont les pays francophones africains avec les élections, au contraire des pays anglophones. « Rassurez-vous ! Les pays anglophones ne vont pas mieux non plus en matière de démocratie, le cas de l’Ouganda avec un Parti unique démocratique que montrait en exemple Bill Clinton en est l’illustration parfaite », a-t-il dit. Pour ce qui est du Congo-Brazzaville, Jean-Luc Mélenchon est revenu sur le parcours de Denis Sassou-Nguesso : ancien marxiste-léniniste chassé du pouvoir par les urnes, puis revenu dans les conditions que l’on sait, il participe de l’ambigüité des rapports France/Afrique. Parfois la France condamne avant de soutenir, parfois la France soutient en silence avant de condamner. « Or, a-t-il ajouté, le Congo n’est pas la Côte-d’Ivoire où la France n’avait aucune raison d’intervenir… Que faut-il faire ? »
La question est demeurée sans réponse. Là où les uns y ont vu une ellipse, les autres y ont décelé un langage ambigu. En tout cas pas assez explicite. La France soutient-elle Sassou en silence tout en le condamnant en public? Ou le condamne-t-il en silence tout en le soutenant en public ? On l'aura compris, ambiguïté reste le maître-mot qui caractérise les rapports France/Afrique. Le Cardinal de Retz n’écrivait-il pas : « On ne sort de l’ambigüité qu’à son détriment » ?
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