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Palmarès du « Grand Prix de poésie Martial Sinda » : rencontre avec Thierry Sinda

Publié le Mardi 28 Mars 2023
Palmarès du « Grand Prix de poésie Martial Sinda » : rencontre avec Thierry Sinda

Le Palmarès du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe 2023, lancé pour le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, a couronné le poète camerounais Harman Kamwa pour son recueil inédit Briser le sort. Il débouche également sur la publication de l’anthologie Mémoires et Révoltes au féminin, Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe imaginée, réunie, commentée et éditée par le poète et universitaire Thierry Sinda aux éditions Unicitè dirigées par François Mocaër. Rencontre avec le président du jury Thierry Sinda.

Comment avez-vous procédé pour départager les recueils de poèmes inédits qui vous ont été soumis? Cela n'a pas dû être facile pour le jury !

Thierry Sinda Cela a été d’autant plus difficile que les textes étaient d’un bon niveau. C’est la raison pour laquelle, pour le Grand Prix Martial Sinda qui marque le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs nous avons décerné un label de qualité poétique, à 35 poètes de 15 pays ou régions, en faisant fi des contraintes de notre thème imposé « Mémoire histoire et résistance ». Dans un second temps, nous avons écarté ceux qui ne traitaient pas la thématique. Ensuite dans un troisième temps les membres du jury ont relu la deuxième sélection en retenant 9 ou 10 poètes finalistes par catégorie : Grand Prix, Prix du meilleur titre de recueil, Prix du meilleur poème inaugural, Prix du meilleur poème final, Prix écolo-poésie (en partenariat avec ERA environnement). En ce qui concerne la catégorie reine du Grand Prix, nous sommes tombés facilement d’accord sur les 9 recueils finalistes.

Pouvez-vous nous rappeler quels étaient les 9 finalistes pour la catégorie Grand Prix ?

TS : Les voici : Sadlay Hounyeme pour La Sphinge (Bénin) ; Harman Kamwa pour Briser le sort (Cameroun) ; Innocent Mwendo pour Élégie névralgique pour une terre endeuillée (RDC) ; Zacharia Sall pour Ainsi chutent les silences (Sénégal) ; Serge Kooko Parfaites imperfections, Un univers à l’envers (Mali) ; Mehdi Adghigh pour Mémoire (Algérie) ; Fréro Pierre pour Épitaphe pour ceux qui n’en ont pas (Haïti) ; Huppert Malanda pour Cette Patrie de blessures et de rêves (Congo) ; Naelle Nanda pour Vers-Tiges (Gabon). Nous avons l’Afrique du nord (avec l’Algérie), l’Afrique de l’ouest (avec le Bénin, le Sénégal, le Mali), l’Afrique centrale (avec le Congo, le Gabon, la RDC, le Cameroun) et Haïti.

Le Grand lauréat est Harman Kamwa du Cameroun pour son recueil Briser le sort. A-t-il été élu à l’unanimité ? Pouvez-vous le présenter succinctement ?

TS : Non il n’a pas élu à l’unanimité, nous avons eu de vives discussions argumentées, et plusieurs tours de table. Sur les 7 membres du jury il a eu 5 voix. Donc la majorité absolue. Le jury dont j’étais le président était constitué par Moa Abaïd (acteur, metteur en scène et homme de radio algérien), Francine Ranaivo (poétesse, nièce du poète malgache de renom Flavien Ranaivo), Habib Osmani (poète et nouvelliste algérien), Henri Moucle (poète distingué, Martiniquais), Marie-France Danaho (poétesse reconnue en Guyane, épouse du poète-économiste-académicien Raoul-Philippe Danaho) et Denise Chevalier (poétesse et bibliothécaire). Harman Kamwa est né 1989 à Grand-Mboulaye au Cameroun. Il est titulaire d’un doctorat de littérature espagnole et comparée soutenue à l’Université de Yaoundé 1. Il est professeur d’espagnole dans le secondaire et assure des charges de cours en littérature et civilisation à l’université de Yaoundé 1. Il est aussi réalisateur, metteur en scène de théâtre et producteur de film. Il a publié deux recueils de poèmes l’un en français et l’autre en espagnole : Le pleur du carême (Edilivre, 2017), Hambrientos sonidos. El grito del silencio ( ViveLibro, Madrid, 2019).

Dans le cadre du Grand Prix vous avez conçu  une anthologie de recueils Mémoires et Révoltes au féminin, Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe qui est parue le 17 mars aux éditions Unicité .Pouvez-vous nous dire comment elle s’inscrit dans le Grand Prix?

TS : Comme je vous l’ai dit plus en avant, nous avons sélectionné 35 lauréats auxquels on a décerrné notre label de qualité. Huit étaient des femmes : Yonban Ladouce du Cameroun avec son recueil Silence on décolonise ! ; Valiha Rakotonirainy de Madagascar avec son recueil Cœurs en chœur ; Marie Annick M’Nemosyme de la Réunion avec son  recueil Le drapeau dans l’âme ; Marie Juillet de la Réunion avec son livre Le recueil fragmentaire ; Solange Marcos du Chili avec son recueil Le corps de l’exil ; Naelle Nanda du Gabon avec son recueil Vers-Tiges ; Sarah Sambin avec son recueil Antécédents guadeloupéens ; et Nicole Cage Martinique avec son recueil Oriky, ne dis pas. Deux ont été primées Naelle Nanda, Mention spéciale encouragements du jury, et Sarah Sambin, Prix du meilleur poème inaugurale.  Qualités littéraires et  révoltes au féminin était le maître-mot. J’en ai sélectionné cinq, qui étaient, selon moi, non seulement le meilleur parmi les meilleures, mais encore offraient une palette féminine riche et variée formant un tout cohérent : Yonban Ladouce (s’inscrit dans un travail de mémoire sur la colonisation et ses méfaits) ; Valiha Rakotonirainy (mêle écologie et religion) ; Marie Annick M’Nemosyme (s’inscrit dans la lutte des classes) ; Sarah Sambin ( fait un travail de mémoire sur la tragédie de l’esclavage) ; et Naelle Nanda ( dénonce le mal développement de son pays). Ces cinq autrices composent la première anthologie de poétesses noires et métissées en francographie. Je l’ai imaginée, conçue, commentée et éditée  aux éditions Unicité dirigées par François Mocaër. J’en signe un long avant-propos d’une cinquantaine de pages intitulé Comme les Amazones vont boire à la source d’ébène qui fait l’historique du féminisme, de l’afro-féministe et du racisme à l’encontre des Noirs du Moyen âge à 1980.

Comment s’est passé le lancement de votre anthologie féministe lors de la clôture du 20e Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs à la librairie de l’Avenue Henry Veyrier ?

TS : Parfaitement bien ! La fameuse librairie de l’Avenue Laurence et Henri Veyrier sise en plein cœur  du Marché aux Puces de la Porte Clignancourt est pour moi une forte charge émotionnelle. C’est dans cette librairie, qui a 150 000 livres rares et anciens, que j’ai lancé mon Anthologie des poèmes d’amour des Afriques et d’Ailleurs (éd. Orphie) pour le 10e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs. Dix ans plus tard j’y lance mon anthologie Mémoires et Révoltes au féminin, Cinq lauréates du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe (éd. Unicité) pour le 20e anniversaire du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs. C’est quand même fabuleux de vendre une trentaine d’exemplaires, en quelques heures, sur la place parisienne, de poétesses parfaitement inconnues !

Avez-vous d’autres dates de dédicaces de l’anthologie féministe que vous avez dirigée ?

TS : Oui c’est en cours. Mais d’ores et déjà je dédicace mon anthologie, qui donne la parole aux poétesses noires et métissées, ce vendredi 31 mars de 17 h à 19 h au Festival international du Film de Femmes de  Créteil à la Maison des arts de Créteil, place Salvador Allende. Ce sera encore pour moi un moment fort sur le plan émotionnel de dédicacer une anthologie rendant la parole aux femmes noires et métissées dans ce temple du film de femmes qui fête sa 45e édition. Je dédie cette dédicace-lecture à la cinéaste sénégalaise Safi Faye, pionnière du  cinéma africain, qui vient de rejoindre le monde des Ancêtres. Pour les autres dates consulter notre site : www.neonegritude33.afrikblog.com.

Entrecongolais.com

Photo : Thierry Sinda et François Mocaër (le plus grand) à la Librairie de l’Avenue-Veyrier

 

Palmarès Grand Prix de poésie Martial Sinda

- Grand Prix : Harman Kamwa pour Briser le sort (Cameroun) 

Prix du jury : Zacharia Sall pour Ainsi chutent les silences (Sénégal)

Mention spéciale Félicitations du jury : Serge Kooko pour Parfaites imperfections, Un univers à l’envers (Mali)

Mentions spéciale du jury : Huppert Malanda pour Cette Patrie de blessures et de rêves (Congo) et Innocent Mwendo Élégie névralgique pour Une terre endeuillée (RDC) 

Mention spéciale encouragements du jury : Naelle Nanda pour Vers-Tiges (Gabon)

 - Meilleur titre de recueil : ex aequo Sous le ciel pimenté et ensanglanté par Kodjibaye (Tchad) et Vers rouges de sang noir par Hermann Hokou (Côte d’Ivoire)

- Meilleur poème inaugural : Désagréablement Sarah Sambin (Guadeloupe)

-Meilleur poème final : Épilogue Jules (Cameroun)

- Prix écolo-poésie  en partenariat avec ERA environnement : Hery Mahavanona Requiem pour Ces arbres qui cachaient la forêt

 

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