
Tour à tour ministre de l’Aménagement du Territoire du président Azali, Secrétaire général de la Présidence de la République, Djaffar MMadi est actuellement professeur à l’université des Comores.
Auteur de nombreux travaux de recherche, dont une thèse à la Sorbonne en 1993 sur Frantz Fanon, il vient de publier aux éditions L’Harmattan un Essai sur les violences qui gangrènent en général l’Afrique, et en particulier Les Comores. Un pays où l’éducation, la santé, l’emploi, le dérèglement de l’appareil administratif, le chômage et la débâcle judiciaire font que la violence l’emporte sur la raison. Et Djaffar MMadi d evite trouver le coupable : l’élite. « En bon métaphysicien, Frantz Fanon avait prédit à l’aube des indépendances des pays africains les dangers du guide qui fait rêver, des partis qui font taire et de l’armée qui réprime », dit le professeur MMadi, avant de préciser : « Cet avertissement péremptoire mais clairvoyant n’évita pourtant pas à la quasi-totalité des pays africains de sombrer dans ce désordre. » Constat d’autant plus intemporel que plusieurs pays africains, dont le Congo, connaît en 2016 ce désordre.
Certes le professeur de philosophie Djaffar MMadi s’égare dans des citations superfétatoires ou dans des digressions lourdes ! Mais à travers ce texte concis, riche et dense, Djaffar MMadi scrute les maux spécifiques aux Comores pour parvenir à une conclusion générale : les sociétés africaines sont vouées à l’autodestruction si elles ne prennent pas à bras-le-corps le désœuvrement de la jeunesse. La jeunesse seule devrait être la priorité des priorités, que ce soit aux Comores ou ailleurs en Afrique. En leur tournant le dos, les sociétés africaines creusent leurs propres tombes.
Pourquoi aux Comores, tout événement sportif est-il l’occasion de sérieuses violences entre jeunes ? Le professeur MMadi part de cette question pour constater, analyser puis prescrire. Il suffit, pour éviter les désordres et violences, de convoquer René Dumont dans sa Démocratie pour l’Afrique : « L’Afrique n’est ni hantée par une quelconque malédiction, ni condamnée à sombrer dans une certaine fatalité naturelle. Il lui suffit de retrouver ses vieilles valeurs perdues pour se réconcilier avec elle-même, œuvrer au progrès de son peuple, et apporter sa part de contribution de l’universelle. »
Bedel Baouna
Lire aussi : Franklin (Boukaka) l'insoumis, Quand la musique inspire la litterature