Un an après avoir publié « L’ultime combat de Guy-Brice Parfait Kolelas » (Editions Les Lettres Mouchetées), un témoignage émouvant et poignant, Dany Bitsindou revient avec un livre sur le système de Sécurité sociale au Congo/aperçu, analyse et perspectives, chez la même éditrice.
Se poser la question de savoir si « le droit à la sécurité sociale est un droit fondamental ou un droit de l'homme », relève de l’anachronisme. La sécurité sociale est un droit intangible et, de fait, indissociable de la quête de la démocratie. Est-ce le cas au Congo-Brazzaville ?
Dans son nouveau livre, La Sécurité sociale en République du Congo/ Aperçu, analyse, perspectves, un essai de recherche et de prospective, un indispensable document de travail, qui « s’inscrit dans une logique d’analyses des mécanismes de Couverture sociale mis en œuvre par les pouvoirs publics, dans un contexte où les bénéficiaires potentiels des droits s’interrogent sur le rôle de la Sécurité sociale », Dany Bitsindou ne passe pas par quatre chemins pour dire que dans son pays natal, la réalité est toute autre. Et de pointer du doigt, après un bref aperçu et l’historique de la Sécurité sociale au Congo, les nombreuses failles que recèle la Sécurité sociale au Congo. Tout du moins, « les écueils d’immatriculation des retraités dits « nouveaux », la distance entre les services et les besoins sociaux, et l’indisponibilité des prestations garanties à des familles en difficultés ».
De fait, estime Dany Bitsindou, cadre des Caisses de Sécurité Sociale en France, si les prestations établies par le système de Sécurité sociale au Congo sont relativement une avancée fondamentale dans l’effacement des doutes sur la réalité des droits – on l’a vu durant la crise sanitaire de la Covid19, lorsque les plus vulnérables ont eu besoin d’une protection soutenue par des mesures d’assistance sociale, au moins, conjoncturelles – , il n’en demeure pas moins que « le narratif de ces Caisses conforte l’ensemble des préjugés défavorables que s’en font les Congolais. S’agit-il d’un manque de conscience collective ? Ou d’une absence d’éthique sociale ? En tout état de cause, la plupart des usagers qui y viennent pour les démarches liées à leurs pensions de retraite et droits connexes, pour la sollicitation des cartes d’allocataire ou pour un changement de mode de paiement, réduisent la Sécurité sociale à un simple organisme de paiements des pensions. Sans plus. Et pour cause : très souvent, à échéance de versement, la perception des pensions est la seule démarche qu’ils réalisent aux guichets de la relation de service. Et encore, non sans tracasseries de toutes sortes… »
Mais l’auteur ne se contente pas seulement de la sociologie de la relation de service. Il propose aussi quelques pistes de réflexion. Pourquoi ne pas envisager la création d’une « Couverture solidaire hospitalisation » et la conclusion des nouvelles conventions de performance entre la Sécurité sociale et les hôpitaux publics ? Pourquoi ne pas mettre en place un RUE (Revenu universel d’existence), comme premier niveau d’action dans l’échelle de la lutte contre la pauvreté ? (Si ce revenu n’est pas destiné à éradiquer la pauvreté, parce que la pauvreté existera toujours – il permet au moins de réduire les inégalités dans l’accès aux droits et de faciliter les soins de santé) Pourquoi ne pas créer une « Haute autorité de la Solidarité nationale » chargée de faire des propositions sur la gouvernance démocratique des régimes de solidarité, afin de renforcer l’indépendance du régime national de solidarité, ainsi que son adaptabilité aux évolutions des formes de pauvreté ?...
Ce livre arrive à point nommé, dans la mesure où le Congo envisage une grande réflexion sur le système de Sécurité sociale.
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