
Et le prix Nobel de littérature est décerné à Abdulrazak Gurnah. Pour son édition 2021, la plus haute récompense littéraire revient à l’auteur tanzanien, sacré ce jeudi sous les ors du palais bicentenaire où siège l’Académie suédoise, à Stockholm.
Historiquement très occidental, le Nobel de littérature, scruté de près par les amoureux des lettres et les éditeurs du monde entier, s’était fait cette année la promesse, jusqu’ici non tenue, d’élargir ses horizons.
Jusque-là, le profil-type des lauréats a longtemps été assez facile à déterminer : un homme, Occidental et souvent Européen, pas un auteur de best-sellers, souvent d’un relatif anonymat, écrivant ou étant traduit dans une langue lue dans le cénacle de Stockholm. Sur les 117 lauréats en littérature depuis la création des prix, 95, soit plus de 80 %, sont des Européens ou des Nord-Américains. Ils sont 101 hommes au palmarès pour 16 femmes.
Le bouleversement « MeToo »
Longtemps, les jurés soulignaient que les nationalités leur importaient peu. Mais au sortir d’un scandale #MeToo qui l’avait fait vaciller en 2018 - entraînant un très rare report du prix - l’Académie avait indiqué avoir renouvelé son approche pour davantage de diversité de genre et de continents. « Avant, nous avions une perspective eurocentrée de la littérature, et maintenant nous regardons dans le monde entier », avait confié Anders Olsson, le président du comité Nobel, à l’automne 2019.
Depuis, deux femmes ont décroché la récompense, la romancière polonaise Olga Tokarczuk rétroactivement pour 2018, et la méconnue poétesse américaine Louise Glück l’an passé, pour un homme : l’Autrichien Peter Handke, aux sulfureuses et très « vieille Europe » positions pro-Milosevic. Depuis 2012 et le Chinois Mo Yan, seuls des Européens ou des Nord-Américains ont été sacrés et l’audace s’est plutôt manifestée dans l’éclectisme du genre, comme lors du sacre de Bob Dylan en 2016.
Source : AFP