
Pour commémorer la vingtième édition du Festival parisien du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs, le comité d’organisation a lancé le Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe, portant le nom du premier poète de l’Afrique Equatoriale Française. Le thème choisi : la Négritude hier et la Néo-Négritude aujourd’hui : mémoire-histoire et résistance. Les candidats, résidant obligatoirement dans les pays du Sud et les Outre-Mers, devaient envoyer une vingtaine de poèmes entre la 10 mai et le 31 octobre 2022. Premier bilan avec Thierry Sinda, le président du jury.
Vous venez de dévoiler la sélection des recueils de poésies inédits pour le Grand Prix Martial Sinda. Parmi eux, des Congolais...
Thierry Sinda : Oui. Bien sûr. Pour le Congo Brazzaville : le poète et magistrat congolais Kelly Mowendabeka pour Identités (il a déjà publié dans trois anthologies) ; le poète Gloire Ngoyi, qui réside à Abidjan, pour Lumière sombre (n’a jamais publié) ; le poète Giovanni Lompieka alias Giovanni Las LMK pour Mugissements (il est déjà auteur d'un recueil de poèmes) ; et le poète Huppert Malanda pour Cette patrie de blessures et de rêves (à son actif, cinq livres et est lauréat de plusieurs prix dont le Prix Léopold Sédar Senghor de Associazione Afrika Solidarità de Milan, en 2021, pour Paroles lunaires pour ressusciter l’aurore éd. du net, Paris). Pour la RDC : le poète Innocent Mwendo pour Élégie névralgique pour une terre endeuillée (a déjà publié deux livres) ; et le poète Bernard Fariala Mulimbila pour Belle nature, Ô triste terre des hommes (a publié un recueil de poèmes).
Et la composition du jury ?
TS : Nous sommes au nombre impair de 7. Ce qui permet au président (donc à moi-même) d’exercer sa voix prépondérante quand besoin est. Les six autres membres sont : Moa Abaïd (acteur et metteur en scène, il a travaillé avec les plus grands homes de théâtre, notamment avec Patrice Chéreau) ; Henri Moucle (poète martiniquais distingué) ; Marie-France Danaho (grande dame de la poésie guyanaise) ; Habib Osmani (poète algérien travaillant sur la mémoire de l’immigration. Il est préfacé par les Ministres Jacques Toubon et Yamina Benguigui) ; Denise Chevalier (poétesse, bibliothécaire et lectrice dans le cas du Printemps des Poètes des Afriques et d’Ailleurs) ; et Francine Ranaivo (nièce du poète de renom Flavien Ranaivo, poétesse et présidente-fondatrice de l’Alliance Internationale des Femmes de France et de Madagascar).
Quelle est la place du Grand Prix Martial Sinda de la poésie francographe par rapport à la Néo-Négritude parisienne que vous avez initiée en 2004 ?
TS : La Néo-Négritude parisienne était un passage de relais avec la Négritude parisienne. C’est la raison pour laquelle nous avons pris pour parrains deux éminents et historiques poètes de la Négritude : tout d’abord le Malgache Jacques Rabémananjara, du côté de l’Océan Indien, puis à sa mort le poète congolais Martial Sinda, mon père, du côté du fleuve Congo. Ils ont tous deux ensemencés l’Océan indien et le Fleuve Congo avec de l’eau sacrée de la Seine parisienne du Quartier Latin. A notre tour nous baptisons la jeune génération avec l’eau littéraire bienveillante de la Seine parisienne, et nous leur passons le relais de la dignité des peuples du Sud et des Outre-Mers via l’action humaniste de l’écriture et de l’art.
Que pensez-vous globalement de la qualité littéraire des textes inédits que l’on vous a envoyés et d’où proviennent-ils ?
TS : Nous avons lu plus de mille pages, et à l’unanimité du jury nous avons noté la qualité des expressions et la diversité des origines. Nous avons sélectionné 33 textes en provenance de 17 pays ou régions : 6 du Cameroun, 4 de Côte d’Ivoire, 3 du Congo, 3 de Madagascar, 3 du Bénin, 2 de RDC, 2 du Sénégal, et respectivement 1 : de l’Algérie, du Chili, du Gabon, de Guadeloupe, des Îles Canaries, de l’Île de la Réunion, du Mali, de la Martinique, de Mayotte, et du Tchad. Il y a 26 poètes et 7 poétesses, lesquelles sont les petites filles spirituelles d’Annette MBaye d’Ernneville, la première poétesse de l’Afrique subsaharienne francophone. Permettez-moi par courtoisie française, et / ou congolaise et/ ou du monde noir, de les citer, ainsi que leur recueil inédit qu’elles ont eu l’amabilité de nous soumettre : la Chilienne-palestinienne Solange Marcos pour Le corps de l’exil (elle s’est faite connaître par des prix et des publications aussi bien en Amérique Latine qu’en Amérique du Nord. Elle est aussi peintre) ; la Malgache Valiha Rakotonirainy, enseignante-chercheuse pour le triptyque Foi, Famille, Patrie (elle n’a pas encore publiée de recueil poésies) ; la très jeune Camerounaise Séraphine Ladouce pour Silence on décolonise ! (elle a plusieurs recueils de poèmes, romans et nouvelles non publiés), l’artiste Guadeloupéenne Sarah Sambin pour Antécédents guadeloupéens (elle n’a pas de livre publié) ; la Réunionnaise Marie Annick M’Nemosyme pour Drapeau dans l’âme ; et la poétesse, dramaturge, auteure-interprète et traductrice martiniquaise Nicole Cage pour Oriky, Ne dis pas (elle a publié une dizaine de livres et a reçu plusieurs prix).
Propos recueillis par Entrecongolais.com