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Coup de griffe : Destinée Doukaga ou l’arrivisme au sens propre du terme

Publié le Lundi 18 Avril 2016
Coup de griffe : Destinée Doukaga ou l’arrivisme au sens propre du terme

« Pitoyable » ; « Pathétique » ; « Minable », etc, les épithètes virulentes fusent sur la prestation de Destinée Doukaga, présidente du parti Front patriotique, vendredi soir sur Télécongo

 

A vos marques… Prête ! Partez ! Destinée Doukaga s'est lancée dans un véritable marathon vers le poste ministériel. Hélas! Sans entraînement, elle multiplie les inepties et les failles. Pire, elle ne peut compter sur l’hypothalamus pour inhiber la douleur de la course. D'autant qu'elle est incapable de se catapulter à la crête de l'effort ou de briser la coquille de sa personnalité. Sa dernière ineptie a consisté à débiter sur le plateau d’une émission soporifique de Télécongo que les bombardements dans les localités du Pool n’existent que dans la tête des usagers des réseaux sociaux. Et de qualifier l’activisme des échanges sur les massacres des populations du Pool « d’affabulations ». L’attitude relève plus d’un arrivisme caractérisé doublé d’une cécité politique et intellectuelle assez cétacée, que d’un discours discursif. L’évêque de Kinkala, Louis Portella, a-t-il menti en lançant un appel à l’arrêt des bombardements ? Le gouvernement, par la voix du milicien Thierry Moungalla - souffrant d’une diarrhée emphatique incurable – a-t-il menti en justifiant ces bombardements par la présence des ex-ninjas dans la région du Pool?

Quoi qu’il en soit, Destinée Doukaga apparaît comme un Rastignac en jupon dont la ministrite, cette terrible maladie infantile qui gangrène la classe politique congolaise dans son ensemble, empêche de dormir. Elle semble déstructurée et il est à craindre qu’elle ne finisse son parcours en retard, c’est-à-dire dans un nouveau « désenchantement »…  Un pressentiment que consolide une antithèse de Paul-Jean Toulet dans Les trois impostures : « Les arrivistes sont des gens qui arrivent. Ils ne sont jamais arrivés. » L’auteure de Mon Labyrinthe porte bien son prénom.  

La roue de la fortune

Oui, quand on pénètre un tant soit peu le roman autobiographique de Destinée Doukaga, voici ce qu’on lit dans le résumé ou la quatrième de couverture : «On ne choisit pas son destin, on apprend à le vivre. Le mien a été plein de désenchantements. J'ai appris à vivre comme une fleur sauvage que seule la pluie arrose. Trop de fois, j’ai été courbée par les tempêtes et séchée par des coups de soleil violents, mais, de temps à autre, j'ai su donner un peu de ma sève et j'ai survécu.» Voilà ! Tout est dit dans ce passage. La vie de cette jeune femme aux idées rétrogrades n’a été qu’une roue de la fortune. Elle suit donc sa destinée, à l’instar d’un personnage de la tragédie grecque. C’est-à-dire dépassée, éreintée, ruinée intellectuellement par ce qui lui arrive. Destinée Doukaga pourrait paraître fulgurante, mais elle agit médiocrement, en fonction des circonstances. Et, pour paraphraser un bel article sur le hasard, « que la faute soit involontaire (Œdipe n’épouse-t-il pas sa mère à son insu, comme Destinée Doukaga épouse la médiocrité à son insu?) ou librement consentie au nom de certaines valeurs (Antigone brave l’interdit pour donner une sépulture à son frère, comme Destinée Doukaga est prête à tout pour devenir ministre), dans tous les cas, le désastre de Destinée Doukaga est inéluctable. Et gare à elle si elle «tente d’échapper à sa condition humaine pour se soustraire à la vulnérabilité : faire preuve de démesure, c’est encore courir à sa perte. La morale tragique nous enseigne donc que quoi qu’on fasse, on ne peut échapper à» sa destinée. La destinée de Doukaga est celle de raconter des fariboles et, surtout, de chérir un pouvoir mafieux, agonisant et finissant.

Bedel Baouna

 

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