
Ce mercredi 10 juin à Brazzaville, Bonaventure Mbaya a convié la presse pour un échange politique sur le Congo et, surtout, sur le… Pool. Il s’est exprimé « au nom des natifs du département du Pool », rapporte l’agence Adiac. Coup de griffes !
La limite ! L’unidimensionnalité ! A défaut de stratégie, on flatte le bas instinct. Bonaventure Mbaya, c’est « l’homme unidimensionnel » (Herbert Marcus), celui-là dont « le mouvement de la pensée est arrêté par des barrières qui apparaissent comme des limites de la raison elle-même ». Depuis quelque temps, il s’agite ; il se fait photographier avec Monseigneur Portella et son successeur, il s’autoproclame porte-voix des « natifs du Pool ». Propos d'estrade ou de café de cmmerce ! Qui est natif du Pool et qui ne l'est pas ? Brazzaville a longtemps été dans le Pool : ceux des Congolais d'ethnie Mbochi, Vili, Téké, nés à Brazzaville, sont aussi "natifs du Pool". Les pend-il en compte, ceux-là ? Oh !... Il a le droit de s’autoproclamer porte-parole de Kindamba ou de Boko. Après tout, Sassou – qui doit le manipuler – ne fait que ça : s’autoproclamer président du Congo, médiateur de haut-niveau, écologiste, humaniste, etc. En revanche, personne n’a donné mandat à Bonaventure Mbaya de s’exprimer au « nom des natifs du Pool ». C’est un exercice nauséabond auquel il se livre, Bonaventure Mbaya. Il est chef de parti, d’un pseudo-parti ! Pourquoi n’intervient-il pas au nom de son parti fantôme ?
Selon l’agence Adiac, Bonaventure Mbaya s’en est violemment pris au patron du Renseignement, Jean Dominique Okemba, et au Commissaire de police Didace Bangui. La raison de son courroux ? Le premier a, dans une vidéo, « avoué les bombardements du Pool, le 20 mars dernier à Oyo, lors d’une réunion avec les sages » ; et le second, pour sa mise en garde contre le supposé coup d’Etat en préparation dans le Pool. Suivez son regard : « Rongé par le virus du tribalisme et ivre de haine et de préjugés contre les bakongos, ces officiers militaires ont déclaré ce qui suit : Nous avons bombardé le Pool et le ciel n’est pas tombé », rugit Bonaventure Mbaya dans les colonnes d'Adiac. Et de demander au chef de l’Etat et à la justice de faire éclater la vérité sur cette affaire.
On peut comprendre ses inquiétudes sur la « présence massive et injustifiée des troupes militaires » dans le Pool, on peut comprendre sa philippique contre ce qu’il appelle des « manœuvres machiavéliques visant à faire du département du Pool, le bouc émissaire idéal »’ dans la réalisation de sombres desseins... " Mais on ne peut comprendre qu’il s’exprime au nom des ressortissants du Pool, non ! Il n’en a pas le droit. Et pour cause : ses accointances politiques, ses analyses tronquées sur la situation du Pool ou son constat biaisé, ne sont pas ceux de tous les « ressortissants du Pool » - pour reprendre ce groupe de mots immonde. Soit dit en passant, il n’y a pas au Congo des « ressortissants du Pool », il n’y a que des Congolais originaires du Pool.
A moins qu’il ne travaille pour Sassou – il y a beaucoup à dire sur ce sujet et à son sujet -, son intervention grotesque n’a pour finalité que la flatterie. Doit-on lui rappeler que Sassou seul est le chef, le gourou, le tout-puissant ? Les bombardements dans le Pool, dont Jean Dominique Okemba a parlé en mars dernier, ne sont uniquement que l’expression de la volonté de Sassou, pas de Jean Dominique Okemba. C’est soit jouer un jeu dangereux – ce qui est fort probable -, soit être hors-sujet. Mais il n’est pas hors-sujet, Bonaventure Mbaya. Il sait pourquoi il est sorti de sa torpeur politique… Hélas ! Comme en 1997, il n’a rien compris des enjeux politiques en cours au Congo... Et quand on manie la légèreté à ce point, on se tait.
Bedel Baouna