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Congo-B : « De la facilité langagière d’Anatole Collinet Makosso » (ACB-J3M)

Publié le Lundi 30 Août 2021
Congo-B : « De la facilité langagière d’Anatole Collinet Makosso » (ACB-J3M)

En séjour à Paris pour, a-t-il dit, réchauffer les « relations entre la France et le Congo, pour la diplomatie des affaires », le premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso a été l’invité du journal Afrique de TV5 monde du jeudi 26 août dernier. Répondant à l’une des questions du journaliste sur la réconciliation nationale au Congo, le juriste Makosso a estimé, en parlant de Jean-Marie Michel Mokoko et d’André Okombi Salissa que « ceux qui ont faite du tort au peuple congolais » doivent « faire preuve de contrition ». « Une facilité langagière », selon l’ACB-J3M. 

« Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa ne sont pas des otages… Ce sont des prisonniers de droit commun… Ils ont causé du tort à la République », a déclaré Anatole Collinet Makosso, sans entrain comme s’il n’était pas sûr de son propos. Et de poursuivre que ces personnalités doivent manifester le désir de liberté et de demander une grâce présidentielle. Hallucinante réécriture de la réalité, s’étrangle l’ACB-J3M (Actions pour le Congo-Brazzaville avec Jean-Marie Michel Mokoko France). Etre candidat à l’élection présidentielle contre Sassou constitue donc un délit de « droit commun », ou plutôt une « atteinte à la sureté de l’Etat et détention illégale d’armes de guerre ». 

Chez Anatole Collinet Makosso, le renversement des valeurs est une constante. Le bourreau est la victime et la victime est le bourreau. Tellement typique d'un régime en fin de règne. « C'est en fait quand le pouvoir commence à se perdre que s'instaure le règne de la violence. Même le chef totalitaire doit s'appuyer sur un pouvoir de base : la police secrète et son réseau d'informateurs » (Hannah Arendt). 

Il va sans dire que pour l’ACB-J3M, cette facilité langagière découle de la « nécessité aveugle » du « vouloir-vivre », de l’élan de « persévérer dans son être ». Irréductible à la clairvoyance, Anatole Collinet Makosso s’embourbe dans l’analyse facile comme pour noyer le poisson, éclipser le chaos dont il est comptable : « La crise n’est pas propre au Congo », « la crise a plombé toutes les économies du monde », a-t-il avancé sur le plateau de TV5. On a envie de lui poser une question et une seule : pourquoi dans les autres pays touchés par la crise les retraités, les fonctionnaires et les étudiants n’accusent-ils pas des mois et des mois d’arriérés de pensions, de salaires et de bourses ?

On comprend mieux pourquoi ses ministres et lui ont fui le débat sur une plateforme de la diaspora, ZianaTV par exemple - la chaîne la plus professionnelle et la plus impartiale qui soit ! Mais il n’a pas eu tort de fuir un probable débat sur ZianaTV. Car on lui aurait rappelé calmement, une fois de plus, que Mokoko et Okombi ont été condamnés non seulement pour avoir défié Sassou aux élections présidentielles du 20 mars 2016, mais surtout pour avoir refusé d’accepter la forfaiture au lendemain de ces élections. Hélas ! Le débat contradictoire n’est pas le fort de monsieur le premier ministre, au-delà de l’image qu’il tente de projeter. A l'image de Sassou, il préfère les applaudisseurs, eux-mêmes en quête de lumière, même minime. Et les applaudisseurs ont envahi la salle de l’ambassade où l'échange, semble-t-il, a été soporifique.

Sait-il seulement que Sassou lui-même le répète à qui veut l’entendre que le Général Mokoko est son prisonnier personnel ? Être un prisonnier personnel d’un président de fait n’est-il pas synonyme d’otage ? « Juriste de formation, ici à l’ACB-J3M on se demande si Collinet Makosso saisit bien le sens de la parole de son maitre Sassou. N’est-ce pas ce même Sassou-Nguesso qui a envoyé nuitamment des émissaires chez Mokoko avec des camionnettes remplies de billets de banque afin que ce dernier reconnaisse sa forfaiture en échange de sa liberté ? Plus généralement, par quel miracle Sassou et son courtisan Collinet Makosso comptent-ils ramener la paix et la réconciliation nationale au Congo, en s’obstinant à maintenir dans leurs geôles leurs rivaux politiques ? »

Toujours selon l'ACB-J3M, au moment où toute la communauté nationale et internationale s’accorde à dire que la situation sociopolitique du Congo n’est pas favorable au climat des affaires, le gouvernement de Collinet Makosso ne pouvait s'attendre qu'à des cacahuettes, en s’aventurant dans l'enceinte du patronat français, le Medef (Mouvement des Entreprises de France). Cet échec cuisant auprès du Medef, estime l’ACB-J3M, était prévisible, dans la mesure où le Congo reste paralysé par une crise multidimensionnelle, et ne garantit en aucune façon la réussite d’investissements étrangers potentiels. De cela, Collinet Makosso n’en a eu cure. Il s’est déplacé avec pas moins de neuf ministres pour signer des contrats avec des sociétés dont certaines se sont avérées fantoches. Un échec qui aurait dû pousser tout ce beau monde à une remise en question stratégique. Rien de tel.

Pour tout dire, pense l’ACB-J3M, contrairement à son prédécesseur Clément Mouamba, Collinet Makosso manque de retenue et d’honnêteté intellectuelle ; un manquement d’autant plus grave qu’il navigue dans différents ministères depuis près d’une décennie sans résultats probants.

Entrecongolais.com

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