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Congo-B : bienvenue chez les crétins !

Publié le Dimanche 24 Avril 2022
Congo-B : bienvenue chez les crétins !

L’élection présidentielle française qui vient de se solder par la réélection d’Emmanuel Macron a montré combien le Congo-Brazzaville – pays de Mambou Aimée-Gnali, de Letembet-Ambily, d’Ange Diawara – n’est désormais peuplé que, du moins dans sa prétendue élite, de crétins, de ngayas, de femmes et d’hommes unidimensionnels, ceux-là mêmes dont « le mouvement de la pensée est arrêté par des barrières qui apparaissent comme des limites de la raison elle-même ». Ceux-là mêmes qui ont un sens profond des formules, des arguments à priori, de l’abstraction et de l’artificiel. Leurs paroles publiques – sur leur terrain préféré, Facebook –, tentaculaires, décousues, ont ceci de particulier qu’elles s’apparentent au Covid-19 : mutantes, contagieuses, nocives. La santé des Congolais s’en trouvent bousculée…

Sous le prétexte de combattre la mafia congolaise qu’impulse le gangster Sassou,  un inquiétant variant a consisté à appeler à voter, à l’occasion du deuxième tour de la présidentielle en France, pour l’intolérance, la xénophobie, le repli ; pour un brouet rance empli de sentiments infâmes, de haine, et, pour les crétins congolais, ça passe crème. Original. Décontenançant. Ces crétins rétorqueront que les DOM-TOM ont voté massivement pour l’extrême-droite au second tour. Mais les DOM-TOM ne sont pas le Congo : les enjeux diffèrent. Les DOM-TOM jouissent des privilèges de la démocratie ; au contraire le Congo s’encalmine dans une dictature féroce.

C’est faire preuve de cécité assez cétacée, c’est chérir l’obscurantisme abscons, voire le plus abject, que d’inciter les gens à porter leur voix sur le parangon de l’intolérance. A fortiori quand cet appel vient d’un pseudo-parti congolais, une clownerie, Le PAR (Parti arrimé au ridicule). Fait-il rappeler qu’un pacte avec le diable ne se rompt jamais au risque d’en subir les foudres ? Hélas ! Ces crétins congolais ont l’avantage du nombre, aussi ont-ils pris le pouvoir sur les réseaux sociaux, en dépit de leurs phrases qui semblent jaillir de la tête d’un macaque. Ils parlent avec une telle autorité qu’on les croirait détenteurs de la vérité, et, sans vent ni marée, déblatèrent à l’infini leurs effets rhétoriques, leurs mantras faussement dialectiques, « avec le ton du magicien, de paradoxes souvent compagnons de route de paralogismes ou de purs effets de langage ». Ces coquilles vides masquent ainsi leur complète vacuité.   

Incapables de formuler la moindre stratégie performative, claudiquant, tâtonnant, inconstants, ne lisant qu’un livre tous les dix ans et ne s’arrêtant qu’aux titres des articles de presse sans en pénétrer le corps pour y découvrir les suggestions et insinuations, ils se contentent de lénifiants énoncés, comme pour s’éterniser dans une sorte de torpeur empesée. Et quand on le leur rappelle, ils montent sur leurs grands chevaux. Ils taxent alors les esprits clairvoyants et fermes « d’arrogants », « condescendants ». Pour ne pas ajouter aux « égarements des contraires » (Simone Weil dans La pesanteur et la grâce), mieux vaut éviter la contention, quitte à paraître pour un inculte. Pour les non-aveugles, il est en effet important de ne pas humilier la parole, au contraire de ces ngayas, ces faux hommes politiques, ces faux analystes politiques, ces faux juristes, ces faux journalistes, ces faux communicants, qui torpillent à volonté la parole...  

Ces « îles sonnantes » pensent qu’une alliance contre-nature, une parole erronée, une posture qui en réalité n’est qu’imposture – cette incapacité qu’ont les crétins congolais à démontrer ce pour quoi ils se font passer pour des experts -, servant à lutter pour la démocratie au Congo ne peuvent être que des stratégies efficientes. Soit ! Mais « aucun d’entre nous ne détient le monopole de la pureté d’intention », dixit Saint-Exupéry dans « Lettre à un otage ». Et d’ajouter : « Je respecte celui qui parcourt une autre route, s’il peine vers la même étoile… » Une mise au point qui résonne comme un garde-fou contre l’utilisation du « combat juste » en faveur de toutes les aventures totalitaires.

En vérité, le Congo-Brazzaville souffre d’une flagrante inflation politique : l’offre ne répond pas à la demande, pourtant cruelle. Si donc par malheur vous rencontrez un Congolais qui vous raconte que c’est un homme politique, fuyez-le ! C’est un débile mental. Il n’y a pas d’hommes politiques au Congo.  

Bedel Baouna

En bonus, l’extrait du livre de Dany Bitsindou, « L’ultime combat de Guy-Brice Parfait Kolelas)

« Beaucoup d’entre eux (les hommes politiques), sinon la totalité, se sont éloignés des maux du Congo, et quand ils les évoquent, ils se contentent d’une litote, d’un adjectif inapproprié ou d’un substantif, point barre. Dans un pays où l’espoir a vite volé en éclats sous les coups de butoir de l’illogisme politique, ils réinventent la réalité à leur manière, c’est-à-dire à côté de la plaque, et cela leur suffit. Qu’opposent-ils à la réalité abjecte des magouilles, de l’affaissement de la pensée, de la dislocation du patriotisme ? L’unidimensionnalité, pléthorique à souhait. Cela les noie dans « le culte, mortifère dès qu’il prétend avoir une valeur politique quelconque, des identités tribales, voire « ethniques », ce qui est pire ». (P64)

 

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