
Christel Denis Sassou Nguesso - fils du président putschiste Denis Sassou Nguesso - parcourt le Congo pour présenter son projet "Le Congo que nous voulons". Il ne fait plus mystère de ses ambitions. Il est déjà pour ainsi dire en campagne pour l'élection présidentielle de 2021. Laquelle ne sera qu'une formalité pour lui. Et pourtant... Sa campagne ne semble pas être un fleuve tranquille. Et on vous dit pourquoi.
Le 3 août 2018, à l'occasion de la séance de questions au gouvernement à l'assemblée nationale, le chef de l'opposition (du pouvoir) Tsaty Mabiala, a interpellé le 1er ministre sur la provenance des fonds dont se sert Christel Denis Sassou Nguesso pour ses déplacements à travers le pays. Quand on sait la complaisance de Tsaty Mabiala à l'égard de Sassou, on se demande pourquoi subitement cette liberté de temps? Pourquoi cette forme de dissidence à l'égard de celui qui l'a pourtant nommé chef de l'opposition ?
Ce 22 août, c'est au tour de Pierre Ngolo, secrétaire général du PCT (Parti congolais du travail) le parti au pouvoir, de lancer une philippique dans le jardin du fils de la promesse. Extrait : «"Le Congo que nous voulons" est une initiative d'un citoyen, fut-il membre du Parti congolais du travail sur laquelle il répondra devant le parti...», a lâché sans ambage Pierre Ngolo lors de la conference de presse des partis de la majorité fallacieuse, ô pardon, présidentielle. Pourquoi cette fronde soudaine de la part de Pierre Ngolo, lui le fidèle parmis les fidèles?
Le secrétaire général du PCT a demandé aux militants de respecter la discipline du parti, les invitant à se tenir en dehors de l'initiative de ChristelDenis Sassou Nguesso. «Nous demandons aux nôtres, à tous les niveaux, de se tenir en dehors de ce qui se passe, et qui n'engage en rien le Parti congolais du travail. Ceux qui ont pris l'option de suivre ce chemin-là rendront compte demain devant le parti» A t'il mis en garde ceux qui voudraient enfreindre les règles.
En tout cas, les deux attitudes des chefs et de la majorité et de l'opposition détonnent dans le sérail. Tsaty Mabiala et Pierre Ngolo peuvent-ils déclarer la guerre au Prince sans la permission du Roi? Connaissant le père certainement pas. En grand seigneur de la machination et de la dualité, Sassou aurait pu lui même ordonner à ses lieutenants de livrer une guerre de façade au dauphin de 2021 pour laisser croire que la démarche de son fils serait individuelle, personnelle.
Le cas Christel Denis Sassou Nguesso s'apparente au cas Isabel Dos Santos la fille de "l'ex président" Angolais, considérée comme l'une des plus grosses fortunes d'Afrique, et qui se voit malmenée par l'actuel président angolais. La richissime femme d'affaires a été limogée en juin dernier de la direction de la compagnie pétrolière nationale. Un nouveau bras de fer l'oppose au successeur de son père dans une affaire de marché qui lui a été retiré. A quoi riment ces simulacres d'attaques, quand on sait qu'Edouardo Dos Santos est toujours seul capitaine à bord? En tant que chef du MPLA (parti au pouvoir), avant de partir il a fait voter une loi transférant la quasi totalité des pouvoirs au chef du parti. Surtout les nominations des cadres dans l'armée, la justice, la police etc..
Ces pères, du Congo et de l'Angola veulent montrer un semblant de justice en autorisant les critiques et les coups sur leur progéniture, tout en les poussant, pour le premier à prendre la suite dynastique dès 2021, et pour la seconde à poursuivre son régne sans partage sur les richesses du pays.
GMI